Bilan du CDIremix

Synthèse des idées exprimées par les élèves (post-it, affiches, photos, vidéos, maquettes et discussion)

besoins

Des paradoxes pour apprendre !

Sans surprise, je relève que les élèves ont envie de diversité (changer d’activités !), de liberté, de couleur, de multimédia… Ils ont envie de calme et d’effervescence, de dormir et de bouger, de parler et d’écouter, d’être seuls et ensemble, de s’isoler et de coopérer…

A nous et à nos espaces de s’adapter pour proposer des temps de connexion/déconnexion, de silence et de musique, de lecture de mots et d’images, de créations… Bref, des temps d’apprentissage autonomes ou encadrés. dans des espaces modulables.

Les besoins exprimés :

Un premier paradoxe : un désir de calme, et en même temps de pouvoir s’exprimer, parler librement.

Les élèves apprécient la possibilité de pendre des initiatives et d’être « heureux », le mot « plaisir » revient fréquemment dans les fonctions identifiées du lieu…

Ils ont besoin et envie de se déplacer librement, d’être ensemble et d’avoir plus de temps pour venir au CDI.

L’envie d’être actif, de bouger, de se libérer de la posture scolaire assise, mais également de se reposer, voire même de dormir revient fréquemment.

Les espaces :

Désir d’un espace vide et à la fois d’espaces clos. Il y a trop de tables et de chaises, et pas assez d’espace au sol, de tapis, de poufs.

Les salles annexes sont plébiscitées, mais leur aménagement est à revoir selon eux. Contrairement à ce que j’imaginais, ils expriment le désir d’espace « vides », à aménager selon leurs besoins…

Le CDI manque de couleur, certains espaces (murs blancs, poteaux) pourraient être utilisés comme support d’affichage.

Les activités :

On note un fort désir de visionnage de films, d’écoute de musique, d’utilisation des ordinateurs et des tablettes.

Le musée du CDI est fortement apprécié, comme les expositions et la mise en valeur de leurs travaux.

La possibilité de faire des activités créatives plait beaucoup. Les élèves ont relevé plusieurs fois le plaisir qu’ils ont eu à dessiner sur les vitres.

 

Une journée pour remixer le CDI

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Une journée banalisée de 9h à 16h45

28 élèves : élèves volontaires (mais attention portée à l’hétérogénéité) des classes de 6eme, élèves de l’unité d’enseignement de l’Institut Medico Educatif, représentants du CVC.

Objectifs pédagogiques :

  • Développer l’autonomie des élèves
  • Favoriser la coopération
  • Permettre la prise d’initiative
  • Développer la créativité
  • Permettre aux élèves de s’approprier l’espace du CDI, de faire des propositions et de les argumenter

8h55/9h15 Accueil

  • Présentation de la journée
  • Jeux de présentation en cercle, debout : chacun dit un mot et donne un objet à l’autre qui enchaîne en proposant un autre mot. Petits jeux d’échauffement
  • Objectifs : prise de contact. Se démarquer des habitudes et des postures scolaires pour se mettre en état de créativité.

9h15/ 9h50 : Emergence des idées

2 groupes en alternance :

Groupe 1 :

Prise de vues dans le CDI : Par groupe de 3. Prise de vue avec les tablettes.

Chaque groupe se met en scène dans un espace du CDI en réalisant une activité qu’il aime. Une contrainte : ne pas montrer de visage (gros plan sur les mains, de dos etc.)

Alterner metteur en scène, photographe, et acteur.

Groupe 2 :

Chaque élève individuellement répond à ces questions sur des post-its de couleur :

Au CDI :

Qu’est-ce qui te plaît ?

Qu’est-ce qui ne te plaît pas ?

Qu’est-ce que tu aimes faire au CDI ?

Si tu avais une baguette magique, qu’est ce que tu transformerais au CDI ?

Dans le CDI de tes rêves, il y a quoi ?

 

Chaque élève colle ses post-it sur les vitres sous la bonne question.

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9h50/10h05 Pause

10h05/10h20

Mise en commun. On regarde les photos. On lit les post-its.

Premier bilan !

10h20/11h30

Mais au fait, le CDI ça sert à quoi ?

 3 espaces recouverts papier kraft (sol, tables collées et mur) : les élèves par groupe de 8/9 vont répondre à la question centrale avec des feutres.

Mise en commun des affiches.

La professeure documentaliste regroupe les réponses, dégage des points de convergence avec les élèves pour faire émerger les fonctions du lieu. Rajoute éventuellement des fonctions.

Au tableau sont notées les fonctions génériques.

(Par exemple : Apprendre, créer, se détendre, être/faire ensemble, rencontrer des œuvres et des artistes.)

Les élèves sont invités à recoller les post-its des usages (ce que j’aime faire ou aimerais faire sous les fonctions)

Objectifs :

  • Prendre conscience que les usages correspondent à plusieurs fonctions. Exemple : jouer permet d’apprendre et de se détendre et de coopérer…Lire c’est apprendre et se rencontrer et se détendre…
  • Permettre aux élèves de découvrir de nouveaux usages et d’en proposer.

Chaque groupe va maintenant réfléchir à un projet !

Constitution des groupes :

Grand tirage au sort… Tous les prénoms sont dans une boîte.

5 groupes de 5…5 élèves tirent 4 prénoms.

11h30/11h55

Petit jeu pour favoriser la dynamique de groupe, coopérer : la tour de chamallow !

Chaque groupe a 15 mn pour construire la tour la plus haute possible avec des 18 spaghettis, un rouleau de scotch, 1 m de ficelle et un chamallow au sommet de la tour.

 11h55/13h40 : Repas et pause méridienne…

13h40 /15h40 :

Phase de réalisation des prototypes

Chaque groupe désigne : un gardien du temps, un garant de la bonne entente. Il utilisent le tétra’aide pour gérer les demandes auprès des adultes.

Les élèves ont à leur disposition : des feuilles, des feutres, du matériel de bricolage, des legos, des kaplas, des playmobils, les tablettes, de la pâte à modeler.

Objectif : réinventer, transformer, enrichir l’espace du CDI !

Après une phase de recherche, relancer les groupes avec des techniques de créativité…

  • Les consultants magiques (le groupe fait appel à un consultant fictif proposé par les animateurs de la séance et imagine qu’il lui donne des conseils)
  • Se recentrer sur une fonction (ex : se rencontrer)

15h50/16h45 : Présentation des projets aux autres groupes.

Prolongement :

  • Exposition des maquettes et des photos de la journée.
  • Transformer avec eux des espaces du CDI dans les jours suivants.

Du Biblioremix au CDIremix

 

Une question professionnelle de départ :

Comment pourrait-on redéfinir l’espace et les usages du CDI afin que celui-ci soit réellement un lieu d’apprentissage pour tous favorisant la coopération et la créativité ?

Une idée :

Depuis la rentrée 2016, des espaces de créativité en autonomie sont mis à la disposition des élèves dans le CDI. On peut certainement aller plus loin en optimisant, détournant, inventant de nouvelles fonctions et usages du lieu.

Pourquoi pas un Biblio remix ?

Biblio remix est, à l’origine, un dispositif d’expérimentation, d’invention et de création participatives, autour des services en bibliothèque.

L’idée est d’associer les usagers et les professionnels pour repenser les usages et les fonctions du lieu.

On propose à tous deux phases :

-L’émergence d’idées

-La création de maquettes, prototypes

À terme, les idées et concepts produits lors de Biblio Remix peuvent être mis en place, tels quels ou certaines parties des idées, dans des lieux existants.

L’initiative Biblio Remix est défini par la licence Move Commons : à but non lucratif, reproductible par tous, soutenant les biens communs et à organisation horizontale.

Un événement Biblio remix peut être donc être transposable dans un CDI !

 

 

 

 

Proposer des temps de déconnexion (suite)

Alors que lors de la journée de pré-rentrée notre direction nous parlait de  droit à la déconnexion, j’ai proposé un module que j’ai intitulé « déconnexion-reconnexion », à destination d’ élèves de sixième, sur des heures d’accompagnement personnalisé. Nous l’avons inclus également  dans le cadre du parcours éducatif de santé. Ces séances ont permis, de façon plus ou moins explicite, de mettre à distance  le rapport des élèves au numérique au lieu d’en être simplement des utilisateurs.

Les élèves ont commencé par dresser la carte mentale de leurs capacités puis celle de leur manque d’attention. Sont venus ensuite des temps de relaxation guidée ou de méditation construits à partir du livre « Calme et attentif comme une grenouille » : exercices de respiration simple qui aident peu à peu à se recentrer sur l’instant présent et à prendre du recul par rapport à l’agitation et aux pensées encombrantes, parfois envahissantes. En parallèle nous avons fait des petits exercices pour se rendre compte du fonctionnement de notre attention.

Apprendre à gérer sa fatigue de l’attention, son rapport au stress, réaliser où est centrée l’attention s’entraîner à consacrer un petit moment rien qu’à soi, est très utile pour les élèves. Ils se sont rendu compte que  l’attention est volage mais qu’il suffit d’en avoir conscience pour la rattraper. Quelques mythes portant sur le fonctionnement du cerveau et de la mémoire ont été discutés.

Ressources :

–       le livre Calme et attentif comme une grenouille de Eline Snel

–       Le cerveau attentif de Ph. Lachaux.

–       les cours en ligne d’Eric Gaspar.

La déconnexion comme composante de l’EMI

Ces séances s’inscrivent ainsi pleinement dans l’EMI : comprendre son environnement informationnel, comprendre et verbaliser son rapport aux outils numériques. Savoir se déconnecter relève autant d’une éducation au niveau individuel que collectif. Chacun devant prendre conscience que nos actions en ligne induisent d’autres actions.

Ces temps de déconnexion pour autant ne m’ont pas satisfaite pleinement. D’abord parce que 4 ou 5  séances ne suffisent pas pour mettre réellement les élèves dans une dynamique durable, même si certains d’entre eux m’en parlent plusieurs mois après la fin de ces séances. Ensuite parce qu’un tel projet devrait pouvoir être porté en équipe, et repris régulièrement dans les cours, à chaque fois que l’attention des élèves s’échappe. Et enfin parce que la déconnexion, loin d’être en opposition avec la connexion, permet au contraire de mieux la conscientiser, de mieux la cerner.

 Ces séances ont été proposées en lien avec l’aménagement d’un espace au CDI du CDI où des coussins, tapis, mais aussi des tiroirs auto-gérés de loisirs créatifs (origami, marques pages, coloriages et autres mandalas), des jeux (certains gratuits à imprimer) et même un piano permettent à chacun de trouver sa place au cœur du CDI, de dégager du temps pour se relier aux autres, tout en créant d’autres formes de liens, les plus grands devenant tuteurs et médiateurs auprès des plus petits. L’achat de documents  tels que coloriages géants, livres-jeux, livres à mandalas, puzzles vise à diversifier les propositions faites au sein du CDI pour développer d’autres compétences

Des élèves tuteurs : les « experts numériques » (suite)

On connaît ici ou là des expériences d’assistants CDI, de déléguées CDI. Je n’en ai jamais eu, en tout cas pas de façon organisée et construite. Au grès des besoins, des envies, certains élèves aident parfois à la gestion et à l’organisation du CDI. Comment, dans ces activités-là, prendre en compte les pratiques des élèves et ne pas en faire juste des petites mains au service du fonctionnement d’un lieu ? Comment favoriser à travers ces activités d’aide une continuité avec les apprentissages ?

Je me demandais depuis deux années que nous amenons les élèves au Fablab Artilect de Toulouse comment transposer au CDI et dans l’établissement cet état d’esprit de maker, de partage, d’entraide où les liens et les échanges interpellent les élèves ?. C’est en lisant un article de Claire Pommereau «Coachs numériques»  que je me suis dit qu’il y avait sans doute des choses à explorer. Ce que j’ai retenu de son billet c’était :

–       De proposer des tâches à des élèves liés à leurs compétences numériques.

–       Valoriser l’engagement des élèves dans le projet en l’inscrivant dans le parcours citoyen.

Par contre il manquait encore (en tout cas à travers la lecture de ce billet) la dimension d’engagement des élèves et la co-construction du projet avec eux.

Ainsi, un groupe d’élèves volontaires se retrouve les vendredi midi autour d’un atelier en auto-gestion pour proposer des ateliers thématiques et « construire » des  tutoriels autour du numérique et de l’informatique  (recherche d’image, scratch…)

Brainstorming des élèves

La mise en place de ce groupe d’élèves experts répond à plusieurs problématiques :

–       Comment s’appuyer sur des pratiques individuelles et scolaires pour développer des compétences interpersonnelles ?

–       Quelles traces laissent les élèves de leurs apprentissages au sein du CDI ?

–       Comment susciter de la créativité auprès des autres élèves ?

–       Comment consolider des compétences et capacités utiles au numérique qui se développent ailleurs dans le lieu CDI ?

–       Comment faire en sorte que ces apprentissages de pairs à pairs ne restent pas ponctuels. Et surtout que l’image encore parfois présente du lieu « comme un service » tende pleinement vers celle d’un lieu d’entraide et de coopération.

De façon naturelle quand un élève est face à un problème, une difficulté c’est vers l’adulte qu’il se tourne. Nous nous retrouvons alors en tant que professeur documentaliste au mieux à répondre à de nombreuses sollicitations simultanées, au pire à ressentir une sensation désagréable des mauvais jours d’être prestataires de service.

L’idée de proposer des experts numériques a été construite collectivement au sein du groupe de travail que nous avons depuis 3 années maintenant (le pédagolab).

Nous avons alors dressé une série de constats :

–       une grande fracture numérique dans les usages de nos élèves, nous avons relevé de réelles lacunes en savoir-faire manipulatoires sur l’outil informatique notamment chez quelques élèves de 6e. D’autres, au contraire, ont une grande appétence et ont envie de découvrir des logiciels ou de voir ce qu’il est possible de découvrir sur un ordinateur ou une tablette.

–       La question « je peux aller sur un ordinateur ? » lorsque les élèves rentraient au CDI, sans trop savoir quoi y faire lorsqu’ils n’avaient pas réellement un travail à faire. Comment prendre en compte ces demandes qui ne reflètent rien d’autre que des pratiques informelles des jeunes quand ils sont chez eux.

Nous avons donc préparé ensemble une feuille de route pour ce que nous imaginions autour de ce groupe d’élèves :

–       Une grande liberté de s’engager. Pour autant il nous a semblé nécessaire de cibler au préalable quelques élèves susceptibles d’être moteurs du groupe, notamment parmi les élèves qui avaient participé au module d’EMI et de culture numérique les années précédentes

–       Une grande liberté dans la gestion du planning : les élèves experts doivent eux même réserver la salle informatique lorsqu’ils veulent organiser un atelier par exemple

–       Développer leur autonomie. C’est lors des journées pédagogiques de fin d’année que nous avions rédigé un objectif simple autour de cette notion fourre-tout d’autonomie. L’autonomie c’est rendre l’élève capable de trouver les ressources (personnelles mais aussi humaines et matérielles) qui l’aideront à monter de niveau dans ses apprentissages). Être autonome c’est donc être capable de demander de l’aide quand on en a besoin et de savoir verbaliser un besoin.

–       Le CDI comme un lieu d’inclusion où ce ne serait pas nécessairement les élèves les plus forts qui viennent aider les plus faibles. D’ailleurs parmi le groupe des experts j’ai été surprise de voir s’inscrire certains élèves pourtant pas toujours à l’aise avec l’outil informatique.

Pour autant je voulais vraiment lâcher- prise sur ce projet pour voir ce que les élèves étaient en capacité de mener, de construire seuls et collectivement. Je me suis donc positionnée dès la 1e rencontre en facilitatrice en exposant l’idée de départ, mais en laissant ensuite au groupe d’élèves le soin d’édicter des règles de fonctionnement. Ici mon intervention est indirecte à travers la mise à disposition du lieu, des équipements et du matériel.

Pas d’engagements, pas de formation spécifique, pas d’intervention de ma part sur le contenu, ni sur la forme des ateliers.

Très vite les élèves ont verbalisé quelques lignes : des petits groupes, l’aide sur des logiciels qu’ils connaissent et qu’ils ont envie de faire découvrir.

A terme nous souhaiterions mener les élèves vers différents niveaux d’engagement

  •         proposer et organiser un atelier thématique
  •         réaliser des tutoriels à mettre à disposition des élèves
  •         partager ces tutoriels en ligne
  •         les élèves proposeront mais les profs pourront aussi passer des « commandes » par ex en SVT mon collègue imagine avoir un tutoriel vidéo pour le microscope.

Pour aller plus loin

Dans la pédagogie de projets, et globalement dans la plupart des séances de publication que je mène j’ai pour habitude de m’inscrire dans la pédagogie différenciée. Ainsi sur un même projet les élèves savent quel est le minimum à produire. Ce sont des données souvent quantitatives que les élèves peuvent mesurer facilement  (un nombre de diapo déterminé, un enregistrement de X seconde dans le cas d’un audioguide, trois arguments dans le cas d’une controverse etc). Ce minimum est fixé en fonction de ce que je pense que le groupe classe sera capable de fournir à minima. Bien sûr certains élèves sont en capacité de dépasser très vite ce minima et sont alors disponibles pour aider les autres. C’est par la répétition, l’explicitation que l’apprentissage et le transfert se mettent en place. Les élèves ont rarement la même production, parfois même n’utilisent pas les mêmes outils pourtant ils sont capable d’aider d’autres élèves à terminer leur travail ou à surmonter une difficulté. Au bout de quelques séances seulement les élèves intègrent ce système qui introduit une motivation supplémentaire dans la mise au travail.

Les questions et obstacles

Comme dans tout projet collaboratif, s’il n’y a pas de leadership affiché, comme cela a été le cas dans cette expérience, comment assurer une pérennité aux rendez-vous ? Comment faire concrètement, pour que les élèves, pensent par eux même à assurer leur rendez-vous hebdomadaire ?

D’autres projets m’amènent à des débuts de réponses, comme les Flashmasterpice, ces « événements du CDI » proposés régulièrement où l’implication des élèves est plus importante. Est-ce que les one shots fonctionnent mieux qu’un engagement au long cours ?

Pour cette première année, nous avons choisi uniquement des élèves de 3e. Nous pensons avec le recul qu’il serait bon d’ouvrir le dispositif à l’ensemble des classes. Chacun ayant des savoirs à partager.

Finalement même si l’expérience n’a pas été pleinement satisfaisante, il n’en reste pas moins que c’est une voie fertile pour permettre aux élèves de développer des capacités et des capabilités au sein du CDI. Dépassant l’idée de service, ou de simple engagement, les élèves  expérimentent au CDI  à la fois des compétences qui relèvent du développement personnel (telles que avoir de l’empathie pour les autres, savoir partager un talent, le développement de l’estime de soi) mais aussi des compétences sociales et collectives (quelque chose qui relève de l’altérité et de l’ouverture à l’autre)

Des ateliers numériques comme tiers-lieu ?

C’est en réalisant un entretien avec Antoine Burret sur la notion de Tiers-lieux, que j’ai réalisé que cette proposition d’atelier menée par une communauté d’élèves qui se fixe des objectifs, qui fixe même le contenu des ateliers était un tiers-lieu c’est-à-dire un espace-temps proposé et investi. Cette communauté s’appuie sur des savoirs en EMI (acquis en cours d’année et les années précédentes), fixe ses propres règles et construit des ressources. On est bien là sur la voie des Communs de la connaissance et les élèves développent des compétences qui relèvent de la littératie des Communs.

Les évènements du midi (suite)

L’idée de mettre en place des temps différents m’est venue suite à la lecture de l’article de Florence Delclos et Christine Denel publié dans Savoirs CDI en avril 2015. A la lecture de leur expérience qui relatait la mise en place d’un « espace performance » au sein du CDI du lycée,  j’avais été séduite notamment par :

  • le fait de valoriser les talents des élèves, et pas forcément des élèves les plus à l’aise scolairement
  • le fait d’essayer de faire se mélanger des groupes d’élèves différents qui n’avaient pas l’habitude de se côtoyer
  • l’évolution du lieu CDI en « troisième lieu », lieu où la qualité des relations entre les usagers compte autant que l’accès aux ressources.

J’ai donc décidé de tenter l’expérience et j’ai proposé à l’ensemble de mes collègues la création de ce temps, entre 13h et 14h pour qu’il se passe « autre chose » au CDI. Ils n’ont pas tout de suite compris l’idée. J’ai dû rapidement changer l’appellation « espace performance » qui ne leur plaisait pas. Ils m’ont aussi demandé pourquoi proposer de la danse ou du théâtre au CDI alors que nous avions une salle polyvalente dédiée à ces activités. J’ai expliqué l’esprit du projet, mon envie de voir des évènements se passer à l’intérieur du CDI et la non obligation d’être sur des productions parfaites. Selon moi, l’important était l’intention du partage, non la qualité de la production finale.

J’ai proposé un « mode d’emploi » pour ce que j’ai appelé « les évènements du midi au CDI » :

  • les interventions sont ouvertes à tous, adultes ou élèves de l’établissement ainsi qu’à des intervenants extérieurs
  • les interventions doivent être gratuites
  • les interventions peuvent être de deux sortes : des spectacles ou des ateliers participatifs

De mon coté, je gère :

  • le calendrier
  • les inscriptions des spectateurs
  • la communication sur l’évènement si c’est un collègue qui n’en a pas le temps. S’il s’agit d’un élève je lui laisse faire les affiches.

Voilà deux ans que je mène ce projet dans mon collège et qu’il évolue au fil des mois.

Une fois l’explication posée et la communication faite sur le projet, les choses ont démarré très vite. Les collègues ont investi le dispositif. Spectacle de magie par les élèves germanistes, fêtes de morts mexicaine et loto de la nouvelle année par les collègues d’espagnol, spectacle de la chorale du collège, spectacle de danse des élèves du lycée et quelques ateliers créatifs se sont succédés…

Ce projet, en deux ans, a modifié en profondeur l’esprit du lieu. Je vais essayer de dresser ici la liste des changements opérés :

  1. « Au CDI il se passe toujours quelque chose cette année ! »

Avec les spectacles, chant ou théâtre, le CDI est devenu un lieu identifié comme joyeux, festif. Le rôle de lieu clame et d’étude n’est pas remis en cause, mais en parallèle s’est installé dans l’esprit de tous que c’était aussi un lieu festif. Certains adultes fréquentent désormais le lieu alors qu’ils n’y venaient pas, proposent des activités. De nouveaux partenariats pédagogiques se sont noués à partir de certains évènements.

Le CDI a une autre aura dans l’établissement, son ouverture à l’univers culturel s’est marquée de façon plus visible. Plus encore le CDI est devenu un lieu de possibles, lieu où l’on peut proposer une idée, une envie, un partage de passion. Récemment j’ai laissé un livre de stickers aux élèves ; une groupe d’élève a réalisé une affiche disant : « Le CDI permet de voir plus loin »

2. « C’est chouette de se mélanger comme ça ! « 

Une communauté a pris conscience d’exister. C’est une communauté qui dépasse le clivage adultes / élèves : assis à côté les uns des autres, ils apprécient sur ses temps bien délimités de partager une posture commune. Parfois les élèves invitent explicitement leurs enseignants, les surveillants, l’infirmière ou les chefs d’établissement  à venir les voir. Les participants, acteurs, animateurs et spectateurs participent à la mise en place ou au moins le rangement de l’espace scène à la fin des spectacles. Les élèves sont devenus très autonomes sur le rangement du mobilier.

Car au CDI désormais tout bouge. J’ai fait l’acquisition de mobilier mobile : tables qui se plient et roulent, poufs très légers, coussins de sol. Ce mobilier renforce encore l’autonomie des élèves pour la mise en place de l’espace scène ( qui est physiquement au cœur du CDI en fonctionnement « normal »)

Cette communauté partage des émotions : les spectacles nous ont fait rire, nous avons parfois eu la larme à l’œil et dans tous les cas beaucoup d’excitation, de plaisir, et pour nous les adultes, de fierté.  Ces émotions s’inscrivent dans le lieu et sont encore dans nos mémoires quand les élèves viennent en étude ou dans le cadre d’un cours.

Cette communauté, évolutive en fonction des évènements, a aussi une histoire : elle s’écrit sur l’ENT, sur les murs par le bais de photographies agrandies et plastifiées, sur la tablette avec les photographies. Une histoire ouverte à tous.

Les élèves ont appris le partage en l’expérimentant de façon concrète. Or n’est-ce pas un préalable nécessaire aux questions de partage que l’on étudie en EMI ? D’ailleurs le prolongement numérique est toujours possible avec la question du droit à l’image si on prend des photos. Je sollicite aussi les élèves qui ont mené des ateliers pour créer des fiches procédure imprimables qui resteront au CDI et sur l’ENT (avec choix de la licence de réutilisation). L’idée est que d’autres élèves puissent réaliser l’activité seuls lors d’une heure d’étude ou proposer eux-mêmes cet atelier.

Enfin, a sein de cette communauté, les règles se discutent. Les  élèves s’autorisent à bouger le mobilier même pendant les heures d’étude s’ils en ont besoin. Récemment des élèves ont demandé  (aux autres élèves et non à moi !) le droit de pousser les tables et de mettre de la musique pour réviser leur chorégraphie de danse. Elles ont pu le faire jusqu’à ce qu’un élève demande à nouveau le silence pour réviser sa leçon.

3. « Madame je peux faire un atelier scrapbooking ? »

Certains élèves se sont révélés et ont gagné en autonomie. Des élèves par ailleurs discrets sont venus proposer un atelier : décoration de Noël, fabrication de minions, origamis, animaux en fil chenille, scrapbooking, etc.  Après avoir fixé avec moi la date, réalisé des affiches et fixé une liste de matériel à récupérer ou à acheter, ces élèves ont dû gérer des groupes, parfois jusqu’à 20 élèves : guider l’activité et être attentif à la limitation de temps (50 minutes environs) comprenant installation des tables, préparation, nettoyage et rangement du matériel. Une élève de troisième a, à deux reprises, animé seule un atelier d’improvisation théâtrale pour des élèves de 6e et de 5e qui a eu un grand succès.

Le CDI stimule la créativité et d’initiative. Un groupe d’élèves a inventé sur place, puis répété une pièce de théâtre lors de nombreux « midis ». Ils m’ont demandé de relire et corriger leur texte et, à quelques reprises, de les regarder jouer. Ils ont présenté leur pièce qui a été très appréciée et qu’ils ont eu l’occasion de refaire à plusieurs reprises. Nous l’avons finalement filmée, un journaliste est venu les interviewer à propos de ce projet, puis la pièce s’est exportée : dans la salle polyvalente puis dans d’autres établissements lors de manifestations inter-établissements. Rien de tout ceci n’était préalablement prévu, mais a pu voir le jour grâce à la transformation de vision de ces élèves sur le lieu.

Le CDI lieu d’intégration ? Un élève de 6e que je voyais pour la première fois en septembre m’a accostée en me demandant s’il pourrait faire un atelier ; par les camarades, par les visites du collège, il avait retenu le système de proposition et avait projeté son animation.

Le CDI lieu d’inclusion ? Le projet des « évènements du midi » a tout de suite été un succès. Mais il m’est vite apparu que les élèves qui proposaient des évènements en autonomie étaient des élèves déjà assez à l’aise. J’ai donc décidé cette année d’imposer le projet à deux classes de 6e : seuls ou en groupe les élèves devaient mettre en place un évènement. Cela m’a demandé plus de temps car les élèves avaient un grand besoin d’étayage pour réfléchir à leurs passions ou leurs talents, inventer une activité, préparer des affiches… Mais j’ai réussi à toucher des élèves moins à l’aise scolairement qui se sont révélés passionnés par leurs projets. Je réfléchis, suite à cette expérimentation, à la possibilité de proposer ce projet à toutes les classes de 6eme l’année prochaine. Il me semble en effet que si les bibliothèques troisième lieu peuvent se heurter parfois à la difficulté de l’entre-soi, nous avons en collège l’occasion de toucher tous les élèves, de leur permettre d’exercer leur pouvoir d’agir, de gagner en confiance en eux et d’expérimenter le partage. S’il y a bien un lieu où l’ont peut apprendre la participation, n’est-pas l’Ecole ?

Conclusion

Avec les « évènements du midi » j’ai réalisé, en l’expérimentant, que le CDI pouvait être un lieu où la culture se vivait, où les connaissances se partageaient dans des situations individuelles ou collectives chargées d’émotions. Favoriser ces émotions, favoriser les relations interpersonnelles, montrer les bienfaits du partage, favoriser le développement de l’estime de soi, reconnaître les goûts et les passions individuelles me semble aujourd’hui une voie  fertile pour faire en sorte que ce que nos élèves apprennent à l’école fasse sens dans une vision plus globale d’expérience citoyenne et de développement personnel.

Des élèves impliqués dans la vie du CDI (suite)

  • Constats :

L’idée d’impliquer des élèves dans la vie du CDI est née de l’observation du quotidien et répond à deux types de besoins.

Premier besoin, exprimé par les élèves

En effet, chaque année, depuis mon entrée au collège (septembre 2008), des élèves formulent le désir, l’envie d’aider aux diverses activités du CDI. Ceux sont souvent des élèves qui fréquentent de manière très régulière le CDI, participent aux différentes actions menées et sur des temps d’étude, où peut-être ressentent-ils un début d’ennui, se manifestent spontanément auprès de nous pour nous proposer leur aide.

Deuxième besoin, exprimé par le professeur documentaliste

Le collège des Clauzades est le plus gros collège du Tarn en terme d’effectif avec presque 1000 élèves. Un seul poste de profdoc semble souvent insuffisant. Heureusement, la présence d’une AED à mi-temps, plus la venue ponctuelle de deux autres AED permet le déroulement de nombreuses activités au CDI. Néanmoins, l’idée de responsabiliser des élèves pour aider à la gestion, à l’animation peut-être envisagée comme une possible réponse aux multiples activités.

  • Mise en oeuvre :

Réunir les élèves

Après les vacances de la Toussaint, j’ai rédigé un article sur le Blog des Clauzades afin d’essayer de recruter des élèves volontaires. J’ai également communiqué par voie d’affichage, mais aussi, en le proposant directement aux élèves fidèles du CDI.

La première réunion était fixée au 18 novembre 2017 ! Malheureusement, beaucoup de changements d’emplois du temps ce jour-là et peu d’élèves présents (12 élèves dont 8 troisièmes).

J’ai démarré la séance par un brainstorming : « ça veut dire quoi pour vous s’impliquer dans la vie du CDI ? »

Voici leurs réponses :

Ma collègue de technologie, très investie dans la mise en œuvre de la coopération entre élèves lors des séances d’Accompagnement Personnalisé était présente. Nous avons terminé la séance en prenant connaissance de la disponibilité de ces douze élèves. Ceux-ci étaient déjà très investis dans d’autres activités sur la pause méridienne (clubs, Association sportive…). J’ai très vite compris que je ne pourrais donc pas fonctionner avec une réunion hebdomadaire entre midi et deux heures.

Début décembre, j’ai fixé une nouvelle réunion en tentant de convoquer tous les élèves volontaires.

Je suis revenue avec les élèves présents sur le brainstorming précédent questionnant l’implication des élèves dans la vie du CDI. Nous avons tenté ensemble de classer les idées des élèves dans différentes catégories d’activités. J’ai souhaité que les élèves se positionnent sur une action en réfléchissant « à ce que cette réalisation d’action aller leur apporter à eux, mais aussi aux autres ».

J’ai enfin demandé aux élèves de réfléchir à la dénomination de ces élèves investis de nouvelles fonctions. Le terme « d’assistant CDI » ne me semblant pas approprié.

L’étape suivante a donc été de constituer des groupes avec des rendez-vous différents en fonction de leurs disponibilités. Cette étape m’a demandé beaucoup de temps. J’avais en effet une vingtaine d’élèves avec des emplois du temps très différents et des heures libres éparpillées sur la semaine.

Au final, je suis arrivée à établir quatre créneaux différents d’une heure chacun afin de travailler avec tous les élèves volontaires. Ce qui n’est pas simple pour organiser la formation à la coopération et à la médiation.

  • Retour d’expérience :

L’auto-initiative

A veille des vacances de noël, une élève faisant partie de ce groupe « d’assistants CDI » a pris l’initiative de réaliser un sapin avec de nombreux livres documentaires. Les étagères se sont vidées petit à petit. La réaction des autres usagers du CDI a été très enthousiaste. Certains sont venus spontanément aider à la réalisation de ce sapin, d’autres ont réalisé des origamis pour sa décoration. De nombreux selfies ont été réalisés par les élèves.

Je ne pensais pas que la réalisation de ce sapin, et surtout son désassemblage entraînerait une véritable coopération entre élèves. Au retour des vacances, j’ai proposé à des « assistants CDI », de faire le tri dans tous les livres documentaires du sapin. Ils avaient pour première mission de réaliser des piles de livres documentaires à désherber. Ensuite, de classer ces piles de livres selon leurs choix et enfin de me proposer des solutions quant à l’aménagement de l’espace documentaire et à sa valorisation. Ils avaient toute la liberté pour cela. Ces élèves sont venus plusieurs heures sur leur temps libre. Les échanges ont été riches. D’autres élèves présents au CDI sont venus spontanément partager leurs idées avec les « assistants CDI ». Les regarder discuter, échanger, coopérer pour trouver des solutions a été formidable ! Ces élèves ont investi l’espace. Je leur ai dit que ce n’était pas gênant si il y avait des piles partout. Mon changement de posture a été d’aller vers un plus grand lâcher prise, une confiance accrue dans les élèves. De leur côté, ils ont pu développer leur autonomie, leur sens de initiative, leur coopération et leur créativité. En effet, l’espace des documentaires va être entièrement repensé grâce à l’apport des élèves.

Parmi les autres surprises, des élèves ont organisé une pause musicale avant les vacances de noël. Je ne suis pas intervenu dans leur organisation et ce fut un moment très agréable et apprécié par les autres élèves. Les élèves ont pris possession des lieux. Une élève a réunit des élèves musiciens, réalisé les invitations et confectionné des gâteaux !

Développer la coopération

Au mois de janvier, j’ai souhaité réunir tous les « assistants CDI » lors d’une même séance afin de les mettre tous en situation de coopération grâce à différents défis tel que «le défi chamallow», présenté ici dans un billet d’Héléne Mulot. J’ai heureusement obtenu l’autorisation de les réunir sur une même heure de cours. J’ai ainsi tenté de les initier aux notions de coopération et de tutorat. Je leur ai présenté « le brevet de tuteur », proposé par Sylvain Connac.

 

Prise de conscience d’une communauté

Depuis, les élèves ont réfléchi au terme « d’assistant CDI ». Je leur ai proposé de lister tous les mots qui définissent ce qu’ils vivent en tant qu’ élèves impliqués dans la vie du CDI afin de porter un regard sur leur posture d’élève et de réfléchir aux apports de ces nouvelles missions.

A l’issue de nos échanges, nous sommes arrivés à ce nuage de mots :

La notion de communauté est devenue évidente. Plusieurs propositions de noms ont vu le jour pour remplacer le terme trop restreint d’« assistant CDI ».

ECOdAC
Équipe Coopérative d’Assistants Créateurs

CoLECTIF
Communauté Laboratoire d’Expériences Créatives Tremplin d’Initiatives Facilitées

CoLECTif a été choisi. Les élèves ont réalisé des badges afin d’être repérés par les autres élèves et ainsi pouvoir leur proposer leur aide et vivre pleinement leur nouveau rôle de tuteur. La difficulté pour les plus jeunes est d’oser proposer leur aide aux plus grands. Pour pallier à cela, dès qu’un élève du CDI a besoin d’aide, et si je sais qu’un autre élève du groupe CoLECTif est présent et est capable de répondre à cette demande, je les mets en relation.

Par la suite, j’ai dû redemander aux élèves de reformuler leur motivation car je me suis aperçue que de nombreux élèves souhaitaient rejoindre le groupe CoLECTif. Je voulais comprendre pourquoi. Une des raisons évoquées est de pouvoir prendre place derrière mon bureau (grande banque de prêt) et changer ainsi de rapport avec les autres élèves. Cette révélation me pousse aujourd’hui à ré-envisager l’espace occupé par mon bureau. Le changement de posture du professeur documentaliste s’accompagne nécessairement d’une réflexion sur l’aménagement des espaces.

Le premier changement a été de créer un espace réservé aux élèves du CoLECTif afin qu’ils puissent réellement investir les lieux.

Une autre raison citée à demi-mot par les élèves est d’accéder à des privilèges, pouvoir emprunter davantage de documents sur des périodes plus longues, venir plus souvent au CDI… Cela me pose beaucoup de questions. Je n’ai pas envie de créer un groupe d’élèves privilégiés mais de transformer le CDI en communs comme le précise Hélène Mulot. La communauté doit se penser ouverte.

Il est donc nécessaire de former les élèves à ces nouvelles fonctions. Je ne suis qu’au début de ma mission de médiatrice auprès de ces élèves.

Caroline Delsart – Collège de Lavaur (Tarn)

Fabrication collaborative d’un jeu de société scientifique (suite)

Contexte et genèse du projet :

Le « Club Aventure » se déroule une heure par semaine au CDI durant la pause méridienne. Chaque année, depuis 5 ans, des élèves volontaires, de la 6ème à la 3ème, sont invités à réfléchir sur des thèmes scientifiques liés à l’actualité. Pour l’année 2016-2017, j’ai proposé aux élèves de suivre l’aventure spatiale de Thomas Pesquet. La mission du spationaute étant largement relayée par les médias et les réseaux sociaux, le thème s’est imposé de lui-même. Je souhaitais également donner un nouveau souffle à ce club en changeant le mode de restitution des travaux des élèves. Jusqu’à présent les temps de recherches organisés au CDI donnaient lieu à des exposés sous forme de panneaux d’affichage; Je voulais donc pour cette année mener une nouvelle expérience :  mêler un travail de collaboration à plusieurs niveaux en incluant l’implication de partenaires extérieurs (ludothécaire de la ville, étudiants de l’ISAE-SUPAERO) afin de  fabriquer ensemble un jeu scientifique dédié à Thomas Pesquet.

Les élèves profiteront donc  sa mission scientifique pour suivre son quotidien, ses ressentis, ses recherches afin de créer un jeu de plateau sous forme de questions retraçant son épopée, qui lui sera remis par la suite.

Les modalités de mise en œuvre et la coopération de chacun :

Pour démarrer le projet, il m’a semblé important dans un premier temps d’amener les élèves à définir ou plutôt essayer de se faire une idée précise du type de jeu qu’ils souhaitaient créer.

Pour cela, nous avons consacré les premiers mois de l’année scolaire à la découverte de jeux de plateau,   des différentes mécaniques afin que les membres du Club puissent se faire une idée plus précise du type de jeu qu’ils souhaitaient concevoir.

En parallèle, les élèves doivent réaliser une veille régulière afin de prendre notes des informations diffusées par les journalistes dans les médias et par l’astronaute lui-même sur les réseaux sociaux : son quotidien, sa mission, ses recherches… Cette veille informationnelle se déroule via le compte twitter du club.

twitter

Un compte que nous avons pu ouvrir que très récemment suite à quelques difficultés techniques via le réseau établissement. En attendant, les élèves ont mis aussi un panneau d’affichage dans l’établissement sur lequel ils peuvent diffuser des photographies prises par le spationaute ainsi que des productions documentaires réalisées par le groupe (le fonctionnement d’une fusée, les rituels avant le décollage, ce qu’est l’ISS, la vie quotidienne à bord….) Ce travail de recherche et de veille scientifique est essentielle afin d’ alimenter les boites à questions du jeu.

mur actu

Plus largement, ce projet amène aussi une réflexion plus approfondie autour des notions de coopération et créativité. L’objectif principal étant de développer des compétences créatives et sociales chez les élèves en s’inscrivant dans une démarche de plaisir et bien-être au travail. Pour cela, il me semble intéressant d’observer les interactions entre le groupe dans la mise en avant des compétences et des rôles de chacun tout en favorisant un climat motivationnel essentiel pour ce type de projet collaboratif.

 Chaque séance commence par un point d’étape sur l’avancée du projet et les élèves se répartissent ensuite d’eux-même par petits groupes de travail selon quatre axes :

  • veille et recherche d’information qui donnent lieux à des affichages et à des productions documentaires
  • conception de la mécanique du jeu : élaboration et rédaction des règles
  • élaboration de questions-réponses pour la « boîte à questions » du jeu

confection du plateau et du matériel de jeu (maquette, chartre graphique…)

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Premières ébauches pour la maquette

A ce stade du projet, même s’il reste encore beaucoup à faire, je peux constater une évolution dans le comportement des élèves. Les interactions, au sein du groupe, sont plus importantes :les élèves coopèrent, sont plus autonomes. Ils n’hésitent pas à prendre des initiatives, partager et faire vivre leurs compétences, justifier leurs choix dans le respect des idées de chacun.

Le fait également de mixer les niveaux a fait que naturellement une forme de tutorat s’est dessinée entre les plus grands, pour certains déjà membres du club les années passées, et les nouveaux arrivants. Un élève en situation de handicap jusque là très introverti et peu communicatif s’est totalement ouvert à l’esprit du groupe et a su trouver sa place en souhaitant mettre à contribution sa passion pour le dessin et le graphisme pour la reflexion collective autour de la maquette.

Mobiliser ses compétences et connaissances en lien avec les parcours éducatifs :

Ce travail qui mêle la collaboration et la créativité met en oeuvre de nombreuses compétences qui peuvent se rattacher aux différents parcours éducatifs de l’élève :

Parcours citoyen

  • Participer à la vie sociale de l’établissement et de son environnement.
  • Travailler en coopération ce qui nécessite de comprendre et d’appliquer des règles de vie régissant les comportements individuels et collectifs.
  • Collaborer autour d’un projet commun s’appuyant sur des valeurs communes : entraide, respect, diversités des points du vue…
  • Éduquer aux médias et à l’information par la découverte et l’ utilisation d’un média social avec les élèves et la veille informationnelle sur les réseaux

Ce projet favorise également la prise de responsabilités au sein d’un groupe, l’implication personnelle et le recours à l’observation partagée permettant une véritable coopération autour de ce projet commun

Parcours d’éducation artistique et culturelle (PEAC)

  • S’intégrer dans un processus créatif : développer la créativité, l’expérimentation et la sensibilité artistique de chacun en  imaginant le jeu dans son intégralité (conception du plateau, pions, cartes…)

Parcours Avenir

  • Découverte des filières et métiers scientifiques avec la visite de l’ISAE-SUPAERO
  • Intervention de jeunes étudiants de l’ISAE au collège autour de thématiques scientifiques

Conclusion et poursuite du projet

Par rapport à ma conception de départ et au fur et à mesure  de l’avancement du projet, je me suis vite rendue compte que celui-ci est très chronophage. La fabrication d’un jeu de plateau nécessite une certaine maîtrise (mécanisme de jeu, élaboration des règles…) et l’aide  et les conseils apportés par la ludothécaire auprès du groupe ont été à mon sens essentiels pour la réflexion en équipe dans cette tâche complexe.

 Ainsi ce travail qui va se poursuivre sur l’année scolaire prochaine, m’ a permis également de me questionner  et réfléchir à ma conception de l’espace du CDI qui doit être, selon moi, un lieu ouvert, permettant de favoriser des situations de coopération et de créativité permettant de renforcer ainsi l’assiduité, la motivation et la confiance en soi pour permettre à chaque élève d’avance à son rythme en mobilisant ses propres compétences autour d’ un projet commun .

La conduite de ce projet m’a permis de me conforter dans l’idée que le jeu a toute sa place au CDI, d’une part parce qu’il permet de favoriser les interactions entre les élèves et d’autre part, parce qu’il peut participer à la redécouverte du lieu. C’est pourquoi, je souhaite pour l’année scolaire prochaine, mettre en place une ludothèque au CDI dans une dynamiques d’auto-gestion par les élèves : permettre à des élèves volontaires de participer aux acquisitions de jeux, à  la gestion et l’animation de l’espace et ainsi faire vivre l’espace ludothèque du CDI.

 

 

Créer un jardin et une cabane à outils : libres initiatives.

Nous avons voulu cette année faire une chose simple pour se lancer dans un projet d’éco collège. Créer un jardin potager puisqu’un terrain jouxte le CDI sans forcément créer de projet en amont pour voir comment un support comme un jardin peut faire émerger des idées de projets à venir.

Le jardin s’est monté très modestement avec un club de quelques élèves mais il est ouvert au quotidien à tous les élèves qui sont au CDI ou en récréation. Une cabane à outils a été montée devant la porte qui donne sur le jardin : outils, arrosoirs, gants, livres sur les plantes etc. C’est une porte d’entrée qui donne des informations sur le jardin lui même.

L’intérêt a été d’offrir un support « potager jardin » pour voir si ce support faisait naître des initiatives de la part des élèves et des adultes. On a récolté des idées d’élèves, puis on a fait un appel à échange de plantes. On a reçu des semis, des graines. Des adultes sont venus d’eux mêm participer à la gestion du terrain et à l’encadrement des élèves volontaires sans forcément vouloir s’inscrire dans un projet finalisé : infirmière, AVS, enseignant d’EPS, assistant d’éducation…

Du coup les idées émergent et le support jardin est en capacité de faire naître des projets plus ou moins éphémères mais toujours collaboratifs. Le jardin sera le support à l’automne d’un projet Land art et d’une sensibilisation à l’usage de l’eau avec création de mini mare (partenariat Agence de l’eau et associations locales).

Le jardin fonctionne comme un lieu de détente où se croisent autant les adultes que les élèves.

Les migrants sont investis dans le projet et cela nous donne le moyen d’apprendre le français en étant en action.

Les ULIS ont aussi un espace où ils peuvent mener des actions, passer du temps. C’est devenu un lieu très important pour eux car des rôles sont donnés aux uns aux autres : arroser, planter, tailler.

A l’avenir, le jardin aura une cabane en plus d’un hamac. On envisage des parcours sensoriels, des labyrinthes et des murs végétaux, des idées de concours.

L’intérêt a été de voir à quel point la communauté éducative s’est emparée de l’espace pour faire naître des projets sans que rien n’ait été vraiment établi au départ.

 

Les migrants au collège

Intégrer des élèves migrants en leur consacrant un espace classe au CDI dans lequel les élèves sont invités à prendre des initiatives pour transmettre le français.  Faire comprendre aux élèves les parcours des migrants dans le monde.

Deux pistes ont été envisagées : Faire comprendre aux élèves français / apprendre le français aux élèves non francophones.

1 Apprendre la langue dans un espace classe consacré au français

Nous avons accueilli des enfants nons francophones sans avoir de poste ou de classe qui leur serait réservé. Aussi, nous avons crééé un espace de type classe primaire avec tableau, feutres, affichages, bureau et livres scolaires.

Nos migrants ont pris leur place au CDI dans cette classe multilangue avec des affichages de l’alphabet latin, arabe, sons etc. Nous avons demandé à nos élèves francophones de participer à l’élaboration de cet espace en emmenant des supports type imagiers. Un petit coin calligraphie les a intéressés et les échanges entre nos élèves d’origine maghrebine et les migrants étaient riches.

Chaque élève a été invité à s’imaginer prof de FLE. Pas facile mais beaucoup de choses à apprendre pour les uns et pour les autres. Nos ULIS ont aussi profité de cet espace classe dans lequel on a pu faire outre du vocabulaire, des maths, de l’orthographe etc… Bref ça n’a pas été utile qu’à nos migrants !

Depuis le mois de mars, l’un de nos migrants lit les articles de la presse afghane en perse et s’attelle à nous restituer les informations du monde arabe en français. Un espace Infos du monde a donc été rajouté.

Sa migration a été intégralement restituée, il la lira devant les élèves de 3eme sous peu.

Faire comprendre la situation du Moyen Orient

On à imaginé un projet en classe de français pour faire comprendre à nos élèves de 3eme les migrations et leurs répercussions sur notre territoire.

Nous avons utilisé de nombreux documents : Persepolis en film puis en BD pour aborder la société iranienne, les inégalités, l’évolution des mœurs et la notion de liberté.

Ensuite nous avons utilisé la BD « Love story à l’iranienne » qui traite du sujet de l’amour caché en Iran. Plus récente que Persepolis, elle nous a permis de comprendre les changements et les blocages de la société iranienne. Ensuite nous avons visualisé une vidéo qui montre comment les jeunes arrivent à faire la fête malgré tout en Iran.

Puis nous avons visionné le film « Incendies » sur la guerre du Liban. Ce film difficile qui montre les conflits interreligieux, nous révèle comment les destins des individus sont orientés par la guerre.

Enfin nous avons abordé le sujet de l’islamisme radical, et de l’embrigadement des jeunes. Nous avons vu le film « Le ciel attendra », lu des documents ensemble en classe sur l’embrigadement.

La situation de nos migrants a é expliquée, leur parcours en partie racon dans lattente que ce soient les migrants eux me qui racontent leur migration.

La production finale de nos élèves a été de rédiger une migration fictionnelle à partir des éléments découverts depuis le début du projet et en incluant des contraintes politiques, géographiques (utilisation de Google Earth pour visionner les déserts les routes…), familiale…

Lobjectif de cette séquence était de mieux faire comprendre la réalité des migrants, déviter les amalgames et déclairer la complexité du monde arabe et des conflits qui le mine. Il sagissait aussi dintégrer nos élèves migrants à la communauté de la classe.

Les sources pédagogiques :

Avant de nous lancer, nous avons trouvé ce projet qui nous a aidé à concrétiser la production élèves et qu’on a beaucoup aimé.

https://www.pedagogie.ac-aix-marseille.fr/jcms/c_10398465/fr/ici-d-ailleurs

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2016/02/29022016Article635923279393807010.aspx